vendredi 27 juin 2014

En finir avec Eddy Bellegueule, Édouard Louis.

"Je suis parti en courant, tout à coup. Juste le temps d'entendre ma mère dire Qu'est-ce qui fait le débile là ? Je ne voulais pas rester à leur côté, je refusais de partager ce moment avec eux. J'étais déjà loin, je n'appartenais plus à leur monde désormais, la lettre le disait. Je suis allé dans les champs et j'ai marché une bonne partie de la nuit, la fraîcheur du Nord, les chemins de terre, l'odeur de colza, très forte à ce moment de l'année. Toute la nuit fut consacrée à l'élaboration de ma nouvelle vie loin d'ici."En vérité, l'insurrection contre mes parents, contre la pauvreté, contre ma classe sociale, son racisme, sa violence, ses habitudes, n'a été que seconde. Car avant de m'insurger contre le monde de mon enfance, c'est le monde de mon enfance qui s'est insurgé contre moi. Très vite j'ai été pour ma famille et les autres une source de honte, et même de dégoût. Je n'ai pas eu d'autre choix que de prendre la fuite. Ce livre est une tentative pour comprendre.Édouard Louis a 21 ans. Il a déjà publié Pierre Bourdieu: l'insoumission en héritage (PUF, 2013). En finir avec Eddy Bellegueule est son premier roman.

Plusieurs jours que j'ai terminé ce roman et j'ai été longtemps dans la balance à savoir si c'était la bonne façon d'exprimer son vécu.  J'ai lu que sa famille était furieuse contre lui pour les avoir exposés ainsi de long en large au grand public.  En même temps, lorsque tu parles de gens qui ont osé te traiter de gonzesse, tantouse, pédale et autres termes tout aussi peu diplomates devant les autres, je pense que tu as quand même le droit de t'exprimer toi aussi.  Alors, oui, je crois que finalement ce jeune homme avait le droit de dire les choses comme il les a réellement vécues.  C'est vrai que le portrait n'est pas très reluisant lorsqu'il parle de ses voisins crottés, graisseux et mal élevés et de ses parents qui affectionnent beaucoup trop l'alcool et le sexe,  mais si c'est vraiment ce qui s'est passé, pourquoi embellir le portrait?

Tout le monde peut imaginer qu'être homosexuel dans un petit village, c'est être une cible visible.  Eddy Bellegueule a traversé une grande souffrance sans remède... quand on dit que l'ignorance des autres tue, je suis bien contente qu'il s'en soit sorti et qu'il ait réussi à mettre sur papier ses douleurs, ses prises de conscience et sa délivrance d'une certaine façon.  Je lui souhaite maintenant d'être plus heureux avec sa personne!

Un roman à lire.

8 commentaires:

enna a dit...

Je suis d'accord avec toi concernant la famille. Et ça a été un roman coup de poing pour moi. Bien écrit et très dur : j'ai été bousculée par ce livre.

Jules a dit...

Enna: je vais pouvoir aller lire ton billet maintenant. Très dur oui, mais imagine tout ce que le cœur de cet enfant a du supporter!

Alex Mot-à-Mots a dit...

Lecture prévue, bien après la polémique.

Jules a dit...

Alex: oui, parfois il faut laisser la poussière retomber pour apprécier!

éléa a dit...

Ce roman ne me tente pas du tout, rien que le titre est rebutant pour moi. Pas grave, un de moins dans ma pal ;-)

dasola a dit...

Bonjour Jules, comme Eléa, c'est un roman qui ne me tente pas du tout, désolé. Bonne journée.

Isabelle a dit...

En retard avec mon commentaire, mais je viens tout juste de finir ce livre. J'ai bien aimé (bien écrit et très troublant/dérangeant), mais je dois avouer avoir un petit malaise avec le côté "lavage de linge sale" très public... Je continue ma réflexion à ce sujet.

Jules a dit...

Isabelle: moi je lui ai pardonné ce côté lavage de linge sale parce que le mec en a assez endurer et si c'est pour enfin se libérer de tout ça... pourquoi pas? Les autres ne se sont pas gênés pour lui cracher dessus, non?