dimanche 8 juillet 2012

Une maison dans les nuages, Margaret Laurence.


De 1950 à 1952, Margaret Laurence accompagne son mari chargé de superviser la construction de réservoirs d’eau dans le désert du Somaliland. Dans une petite maison « sur le toit du monde », séduite par un peuple et une culture d’une grande richesse, elle collige et traduit des poèmes somalis. Au fil des jours, elle accumule notes et observations pour livrer un hommage touchant, ponctué d’humour et de fines réflexions, aux gens rencontrés, à la beauté surréelle des paysages traversés.

Perle injustement négligée, à la croisée du récit de voyage, journal et roman d’apprentissage, Une maison dans les nuages est un témoignage d’une profonde humanité qui montre bien que, parfois, c’est à des milliers de kilomètres de chez soi que l’on fait sa propre rencontre.

À mon avis, l'Afrique passionne, détonne et étonne.  Ce récit représente tous ces verbes!  Après avoir lu une partie du cycle de Manawaka, je n'avais aucun doute sur le talent de cette grande écrivaine canadienne mise en valeur depuis quelques années chez Alto.

Une maison dans les nuages nous transporte loin des plaines canadiennes, au fin fond d'un continent où la sécheresse du désert fait loi avec la religion musulmane, soit le Somaliland du début des années 50.  Autant dire à des années lumières de ce que je peux connaître et c'est principalement pour cette raison que j'affectionne particulièrement ce type de livre, une autre époque, un autre monde.  Un dépaysement total que je ne voulais plus lâcher!  Dans le style de La ferme africaine de Karen Blixen ou encore Poils de Cairote de Paul Fournel, ce genre de récit nous fait découvrir des racoins de notre planète au travers de yeux occidentaux.  Confrontés à la pauvreté, aux tempêtes de sable et aux coutumes étranges (à nos yeux), ces gens nous racontent le quotidien qui semble s'éterniser souvent dans la chaleur, la poussière, la famine et le manque de confort.

Pays de traditions orales et de loyauté au clan souvent mal compris par les occidentaux, la collision entre les deux peut être fatale.  Margaret Laurence et son mari ont quelques fois eu l'occasion d'en souffrir les conséquences.  Partagés entre deux employés de clans différents ou de même famille, ils ont souvent eu à faire des choix déchirants.  Leur bonne volonté ne les ayant pas empêchés de faire de faux pas...

Si vous cherchez un livre qui laisse des traces dans votre esprit, je vous le conseille.  Loin du roman à consommation rapide (mais qui s'avale sans effort!), celui-ci vous permettra de partager avec l'auteur l'appréciation d'un peuple à travers sa langue, sa poésie et plusieurs autres aspects.  

Je ne voudrais pas terminer ce billet sans mentionner la traductrice, Dominique Fortier, pour qui je voue une admiration au grand jour pour son excellent travail d'auteure mais également de traductrice. Ce texte est truffé de mot en somali (avec lexique, ne vous inquiétez pas!).  Saisir l'essence d'une culture (ou sa représentation par une étrangère) n'est pas toujours facile et le transposer d'une langue à une autre relève du défi pour en conserver la justesse.  Le texte coule sans maille visible...

Du même auteur, lu en VO:

Tous traduits en français chez Alto.

5 commentaires:

Grominou a dit...

Margaret Laurence + l'Afrique = deux bonnes raisons de noter ce titre! D. Fortier en serait une troisième, mais je vais sans doute tenter de le trouver en VO...

Jules a dit...

Grominou: en VO ou en français, l'important, c'est de le lire!! :)

Karine:) a dit...

Dis donc, tu te fais tentante, toi! Je pense que je vais commencer par lire le Margaret Laurence qui est dans ma pile... et voir après. Oui, je deviens raisonnable. quelle surprise!

Suzanne a dit...

Je te cite:
«Si vous cherchez un livre qui laisse des traces dans votre esprit, je vous le conseille.»
Et pour moi les mots de M.Laurence ont cet effet sur moi. J'ai déjà noté le titre et je souhaite le lire bientôt.

Jules a dit...

Karine: à mon tour d'être une vilaine tentatrice!! :)

Suzanne: la preuve, j'ai fait ce billet plus d'une semaine après avoir terminé le livre. Chose que je ne fais jamais, de peur d'oublier l'histoire!!! Pas dans ce cas... c'est toujours agréable d'en apprendre sur un peuple tout en ayant une lecture agréable!