dimanche 20 novembre 2016

Chanson douce, Leïla Slimani.

Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d'un cabinet d'avocats, le couple se met à la recherche d'une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l'affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu'au drame.

À travers la description précise du jeune couple et celle du personnage fascinant et mystérieux de la nounou, c'est notre époque qui se révèle, avec sa conception de l'amour et de l'éducation, des rapports de domination et d'argent, des préjugés de classe ou de culture. Le style sec et tranchant de Leïla Slimani, où percent des éclats de poésie ténébreuse, instaure dès les premières pages un suspense envoûtant.
 
C’est dans un statut de Leiloona (qui a fait un billet depuis)  sur les réseaux sociaux que j’ai pris connaissance de ce roman.  Je l’ai réservé à la bibliothèque et le lendemain, il gagnait le prix Goncourt!  Entre temps, je l’ai reçu en service de presse.  Je l’ai lu d’une seule traite.  Leïla Slimani fait monter la tension dans un crescendo presque insoutenable!  L’intrigue commence dès les premières pages où la  journée fatidique nous est décrite en peu de mots, mais assez pour comprendre la violence de cette tragédie.  Il n’y a pas de cachette, on sait déjà que c’est la nounou qui est coupable.  Mais pourquoi?  Elle semblait si parfaite…  Louise est une femme toute menue avec une poignée de fer à qui on a jamais rien reproché.  Elle excelle dans son métier de nounou et prend un plaisir (très malsain!) à satisfaire ses employeurs en travaillant plus que nécessaire.  Elle s'incruste, manipule, juge...
 
Par petites touches, l’auteure dresse l’autoportrait de cette femme.  Tranquillement, on apprend ce qui se cache derrière ce visage.  Comment en est-elle venue à craquer et tuer deux enfants?  Le vernis s'écaille découvrant quelques taches sur la plaque...
Un roman que je ne suis pas prête d’oublier.  Il y a d’ailleurs une phrase que je retiens de ce livre.  Une sentiment déjà vécu chez moi aussi…  Leïla a bien cerné l’amour maternel (parfois démesuré!) dans ce passage:
 
"Depuis qu'ils sont nés, elle a peur de tout.  Surtout, elle a peur qu'ils meurent. Elle n'en parle jamais, ni à ses amis ni à Paul, mais elle est sûre que tous ont eu ces mêmes pensées.  Elle est certaine que, comme elle, il leur est arrivé de regarder leur enfant dormir en se demandant ce que cela leur ferait si ce corps-là était un cadavre, si ces yeux fermés l'étaient pour toujours. Elle n'y peut rien."

Alors, imaginez cette maman lorsqu'elle rentre chez elle et constate qu'on lui a enlevé pas un, mais deux enfants!  Un cauchemar...

Enfin un Goncourt qui ne m'aura pas déçue!
 
Prix Goncourt 2016
ISBN: 9782070196678

4 commentaires:

Marguerite a dit...

Ce n'est absolument pas un roman qui m'aurait attiré normalement mais avec le Goncourt et tous les bons avis de blogueurs (dont celui-ci), il m'intrigue. Je l'ai réservé à la bibliothèque moi aussi, j'attends mon tour !

Jules a dit...

Marguerite: oui, je pense qu'il vaut ce qu'il récolte! :)

anjie a dit...

l'homme l'a lu et a aimé. Je prévois de le lire également.

Valérie a dit...

Je l'ai aimé aussi mais je l'ai vite oublié.