mardi 24 mars 2015

Amours, Léonor de Récondo.

Nous sommes en 1908. Léonor de Récondo choisit le huis clos d’une maison bourgeoise, dans un bourg cossu du Cher, pour laisser s’épanouir le sentiment amoureux le plus pur – et le plus inattendu. Victoire est mariée depuis cinq ans avec Anselme de Boisvaillant. Rien ne destinait cette jeune fille de son temps, précipitée dans un mariage arrangé avec un notaire, à prendre en mains sa destinée. Sa détermination se montre pourtant sans faille lorsque la petite bonne de dix-sept ans, Céleste, tombe enceinte : cet enfant sera celui du couple, l’héritier Boisvaillant tant espéré.

Comme elle l’a déjà fait dans le passé, la maison aux murs épais s’apprête à enfouir le secret de famille. Mais Victoire n’a pas la fibre maternelle, et le nourrisson dépérit dans le couffin glissé sous le piano dont elle martèle inlassablement les touches.

Céleste, mue par son instinct, décide de porter secours à l’enfant à qui elle a donné le jour. Quand une nuit Victoire s’éveille seule, ses pas la conduisent vers la chambre sous les combles…
Les barrières sociales et les convenances explosent alors, laissant la place à la ferveur d’un sentiment qui balayera tout.


Le récit simple d'un amour interdit, mais libérateur.  Écrit au présent, l'histoire se lit à la minute même, un direct sans enjolivure.  La triste vérité chez deux êtres négligés qui ne peuvent s'accomplir qu'en la présence l'un de l'autre.  Rien d'innovateur en littérature, mais Léonor de Récondo a une plume directe appréciable.  Du moins, tout aussi spontanée que Victoire, cette femme de 24 ans qui se refuse l'attente.  Elle a une urgence de vivre, d'aimer et d'être aimer qui lui font abattre tous les tabous de l'époque.  Céleste voit cette relation d'un autre œil.  Plus pratiquante que sa maîtresse, elle seule sait comment mettre fin à cet état de disgrâce.  À mes yeux, c'est le moment le plus émouvant du roman... 
 
"Elle ira dans sa clairière s'asseoir sur une souche en se demandant pourquoi elle est si émue à la vue de fougères vert tendre, pourquoi elle se sent à l'affût de la vie, les larmes toujours au bord des yeux.  Instants de bonheur fugaces où Céleste, à son insu, entre dans la danse de la nature, lui donnant corps."
 
J'ai parfois des doutes sur les prix attribués aux romans.  Bien que ce soit très bien écrit, la trame n'est pas du tout originale et n'aborde pas les thèmes sous un angle nouveau.  Donc, à lire en quelques heures pour découvrir l'auteure, sans plus.
 
Sabine Wespieser
ISBN: 978-2-84805-173-4

8 commentaires:

Michel a dit...

Pour moi c'est l'"écriture qui m'a emballé ! l'histoire est pas originale, pour toi, mais je trouve que tu fais peu de cas de l'homosexualité

Jules a dit...

Michel: on a moins de problème avec l'homosexualité au Québec qu'en France! ahahah Non, mais t'as jamais lu Sarah Waters? Elle fait mieux dans le genre...

La chèvre grise a dit...

Premier avis que je lis et qui est mitigé. C'est bien, ça remet un peu en perspective. J'avais beaucoup aimé me laisser porter par la plume de l'auteur dans "Pietra Viva" alors je vais tenter celui-ci tout de même et me faire mon propre avis.

Jules a dit...

La chèvre: oh je ne dis pas qu'il ne vaut pas une lecture, mais je m'attendais à quelque chose de plus fort, plus vertigineux... tout m'a semblé facile dans cette histoire!

Alex Mot-à-Mots a dit...

Une lecture qui m'a déçue : la phtisie, c'est too much.

Noukette a dit...

Je finirai par lire cette auteure un jour mais il n'y a pas d'urgence...

Jules a dit...

Alex: il fallait une porte de sortie!! hihihi

Noukette: moi, je ne sais pas si je lirai les autres!

Marguerite a dit...

Je suis d'accord avec toi sur plusieurs points mais j'ai apprécié plus que toi. Ce que j'ai aimé, c'est de voir à quel point les femmes étaient malheureuses peu importe qu'elles soient des bourgeoises ou dans un rang social beaucoup plus bas comme les bonnes. Elles ne se réalisaient pas, n'avaient aucun autre but que de fonder une famille. Mais c'est vrai que l'histoire d'amour n'a rien de très original. J'ai aimé l'écriture directe moi aussi.