jeudi 19 février 2015

L'invention des ailes, Sue Monk Kidd.

Caroline du Sud, 1803. Fille d’une riche famille de Charleston, Sarah Grimké sait dès le plus jeune âge qu’elle veut faire de grandes choses dans sa vie. Lorsque pour ses onze ans sa mère lui offre la petite Handful comme esclave personnelle, Sarah se dresse contre les horribles pratiques de telles servilité et inégalité, convictions qu’elle va nourrir tout au long de sa vie. Mais les limites imposées aux femmes écrasent ses ambitions.

Une belle amitié nait entre les deux fillettes, Sarah et Handful, qui aspirent toutes deux à s’échapper de l’enceinte étouffante de la maison Grimké. À travers les années, à travers de nombreux obstacles, elles deviennent des jeunes femmes avides de liberté et d’indépendance, qui se battent pour affirmer leur droit de vivre et se faire une place dans le monde.

Une superbe ode à l’espoir et à l’audace, les destins entrecroisés de deux personnages inoubliables !

Un roman historique comme je les aime!  Sue Monk Kidd nous fait revivre ici de façon magistrale une époque heureusement révolue, soit celle de l'esclave dans le sud des États-Unis. 
 
"Un esclave était censé ressembler au Saint-Esprit - on ne le voit pas, on ne l'entend pas, mais il rôde en permanence dans les parages, toujours prêt."
 
Lorsque Sarah Grimké se voir refuser par son père des études de juriste sous prétexte qu'elle est une femme au début du dix-neuvième siècle, elle ne tarde pas à déplacer ses ardeurs vers une autre cause: l'abolition de l'esclavage.  Née dans une famille aisée qui emploie plus d'une dizaine d'esclaves, elle s'oppose aux châtiments et à la condition d'analphabète réservés à ceux-ci.  Elle n'adhère pas à l'Église qui encourage cette dictature et n'hésite pas à changer de religion pour parvenir à ses fins.
 
"Esclaves, je vous demande d'être satisfaits de votre sort, car telle est la volonté de Dieu!  Les Écritures exigent votre obéissance.  Dieu vous l'a ordonné par la bouche de Moïse.  Il est approuvé par Jésus à travers ses apôtres et soutenu par l'Église.  Soyez attentifs, donc, et que Dieu Sa miséricorde vous accorde ce jour l'humilité pour que vous retourniez vers vos maîtres comme de fidèles serviteurs."
 
Aberrant!  Ce roman peut vous sembler sombre et démoralisant, mais il n'en est rien.  Sue Monk Kidd met en lumière les faits en traitant le sujet des deux côtés de la médaille toujours avec un certain espoir.  La note de l'auteure vient d'ailleurs donner tout son sens à ce roman, car la famille Grimké a bel et bien existé.
 
"Mon objectif n'était pas d'écrire un récit à peine enjolivé de la vie de Sarah Grimké, mais une histoire profondément imaginaire inspirée par sa vie."
  
Selon moi, la couverture de l'édition européenne correspond mieux à toute la symbolique de l'arbre chez Handful et Charlotte, les deux personnages noirs les plus présents dans le roman.   L'arbre à âmes, ces âmes qu'on emporte lorsque l'on quitte un endroit et de lequel on porte les éléments tel un grigri autour du cou préservant ainsi les origines africaines.  En intégrant la fabrication de quilts au roman, Sue Monk Kidd a voulu faire référence à Harriet Powers, une esclave de la même époque ayant fait du quilt un moyen d'expression percutant sur les conditions de vie des esclaves. 

C'est rare que j'utilise ce qualificatif surutilisé pour décrire un roman, mais je ne vois pas autre chose que le terme passionnant pour le décrire!  Je vous le conseille donc et si vous ne connaissez pas Sue Monk Kidd, je vous suggère de lire Le secret des abeilles également paru chez JC Lattès.

JC Lattès
ISBN: 9782709646574

7 commentaires:

Le Papou a dit...

Jules, je n'arrive pas à tout lire :-( Mais il va falloir que je lise un Sue Monk Kidd par ta faute :-p
Le Papou

Jules a dit...

Le Papou: qui a dit que la vie de lecteur était facile?! :)

Suzanne a dit...

Ayant beaucoup aimé Le Secret des abeilles, celui-ci devrait me plaire tout autant.

Jules a dit...

Suzanne: je crois que oui!

Milly a dit...

J'ai lu et aimé 'Le secret des abeilles'. Ce matin, je suis heureuse de lire ton billet. Je viens de me le procurer chez Québec-Loisir! :)

Milly a dit...

Petit retour par ici! :) J'ai lu L'invention des ailes au temps des fêtes. Captivant en effet. Dans ce roman, Sarah se bat pour abolir l'esclavage en se joignant aux Quakers.
Dans "La dernière fugitive" de Tracy Chevalier, les personnages sont principalement les Quakers et effectivement, ils aidaient les noirs à passer les frontière du Canada pour être libre. Dernièrement, j'ai lu "La balade des Adieux" de Lori Lansens. Dans ce roman, les noirs peuvent vivre en liberté. Un roman qui se passent en Ontario il me semble.. :) Trois bons romans qui sont bien documentés et ne se contredisent pas!

Jules a dit...

Milly: ce sont trois romans que j'ai lus à des époques différentes, mais c'est vrai qu'ils sont tous bien documentés et intéressants à lire!