mardi 1 mars 2016

Les murailles, Érika Soucy.

La poète s'envole vers La Romaine, où elle se fera passer pour une commis de bureau alors qu'elle travaillera à un nouveau recueil. Armée de son carnet et de questions trop longtemps laissées sans réponse, elle fait irruption dans ce monde rude et impénétrable, espérant enfin comprendre les raisons qui ont poussé tous les hommes de sa famille, et surtout son père, à délaisser leur foyer au profit de la vie de chantier.

C'est une pente abrupte, encore sur le bedrock. Pour mononc', c'est un monde de possibles. Comme toile de fond, il y a de la pierre, des arbres pis encore de la pierre.

— La grosse crisse de montagne qui empêche d'avancer, watche-la ben : on va la faire sauter.
 
Les murailles est le livre de l'heure!  Tout le monde en parle, les coups de cœur s'accumulent sur les blogs et ailleurs.  Alors, pourquoi suis-je demeurée hermétique à ce roman?  Peut-être parce que j'ai eu le fantôme de mon parrain décédé dans un accident de travail à la Baie James au début des années 80' au dessus de ma tête pendant toute ma lecture?  Qu'aimait-il lui dans cet exil au nord?  Une façon de bien faire vivre sa femme et ses trois enfants parce que c'était payant?  Contrairement à certains des personnages de ce roman, je ne crois pas qu'il fuyait le quotidien "du sud", mais était-il confronté à ces relations difficiles avec les locaux ou à ces game de pouvoirs?  Avait-il hâte de "redescendre" ou de "remonter"?  Les murailles auront eu le mérite de remuer quelque chose en moi (un peu trop!), cette petite partie d'histoire familiale enfouie depuis bien longtemps suite à la disparition de mon mononc'.

Certains me reprocheront de tout ramener à moi, mais c'est à cela que je mesure mon appréciation d'une lecture.  Si ça me laisse indifférente, c'est raté.  En même temps, je ne peux pas dire que c'est un coup de foudre.  J'aurais voulu des extraits de poèmes, j'aurais voulu moins buter sur certaines phrases aux couleurs très locales, j'aurais voulu que cette femme passe un peu plus de temps là-bas pour solidifier ce qu'elle avait gagné dans sa relation avec son père... C'est moi, j'assume mes envies et mes frustrations.

C'est un premier roman avec un sujet audacieux et d'actualité qui saura plaire à un auditoire qui, comme moi, aime bien sortir des rues de Montréal si présentes dans nos romans québécois pour voyager ailleurs au Québec... hors des sentiers trop battus.
 
ISBN: 978-2-89649-673-0

7 commentaires:

Marguerite a dit...

Ne t'en veux pas de tout ramener à toi, c'est précisément ce qui me plait avec les blogues de lecture. J'aime savoir pourquoi une personne a aimé ou détesté un livre et presque chaque fois, il y a des liens avec sa propre histoire. Si je veux des critiques impersonnelles, je lis les critiques professionnelles dans les journaux, les revues, etc.
Je lirai sans doute "Les murailles" parce qu'il semble ne laisser personne indifférent.

Karine:) a dit...

Ah mais on ramène souvent tout à nous! Et c'est ce qui fait que j'aime les blogs, en fait!
Comme tu sais, moi, j'ai beaucoup aimé. J'ai beaucoup aimé cette langue rude où pointent des images que j'ai trouvé super belles. Ce n'est pas la première fois que nous n'auront pas un avis qui se rejoint, hein!

Jules a dit...

Marguerite: merci pour ton beau commentaire! J'aimais beaucoup cet oncle et ce livre a vraiment fait remonter des souvenirs! Bonne lecture!

Karine: non, pas la première et pas la dernière! Mais on s'aime quand même! :P

Alex Mot-à-Mots a dit...

Moi aussi je ramène me lectures à moi et à mes ressentis.

Jules a dit...

Alex: oui, je crois qu'on le fait pas mal tous en tant que blogueurs finalement... Parfois, c'est juste un peu plus personnel!

Soucy a dit...

Merci pour cette lecture, pour vos impressions. C'est parfait, un commentaire si personnel. :)

-Erika Soucy

Jules a dit...

Mme Soucy: Merci de votre passage, c'est très apprécié! 😀