lundi 12 janvier 2015

Le poison des jours, Lauren B. Davis.

À Gideon, on ignore sciemment et prudemment le clan Erskine, qui réside à l’écart depuis des générations, sur « la montagne », dans l’indigence, le crime et les relations incestueuses. Albert Erskine est le seul membre de cette tribu à jouir d’une paix précaire et à oser rêver d’une vie meilleure pour lui-même et ses nombreux frères et sœurs encore sous l’emprise des ogres familiaux. Mais l’espoir semble vain, car comme se chargent de le lui rappeler violemment ses oncles, un Erskine ne quitte pas les siens. En ville, Ivy et Bobby, les enfants de Tom et de Patty Evans, dont le couple bat de l’aile, sont laissés à eux-mêmes dans les affres d’une jeunesse vulnérable, en mal d’écoute et de repères. Ivy trouve refuge et réconfort auprès de Dorothy Carlisle, une veuve à l’esprit ouvert ; Bobby, quant à lui, se lie d’amitié avec Albert. Ces alliances changeront la donne à jamais et affranchiront les protagonistes du poison des jours qui coule dans leurs veines. Qu’arrive-t-il lorsque nous cessons de considérer ceux qui nous entourent comme nos semblables ? Quel pouvoir insoupçonné recèlent les liens improbables qui se tissent parfois entre les êtres ? Telles sont les questions posées par cette œuvre forte et touchante, inspirée d’événements réels qui se sont produits en Nouvelle-Écosse, dans les années 1980.
 
Le quatrième de couverture en dit long sur ce roman.  C'est pour cette raison que je préfère vous parler de mon expérience de lecture plutôt que du contenu.  C'est un roman fort et bouleversant.  Celui qui vous oblige à le digérer avant de passer à votre prochaine lecture.  Le genre de roman qui vous laisse figé sur place après avoir refermé la dernière page.  Les yeux dans le néant, vous vous dites que ce n'est pas possible, que des enfants ne peuvent survivre à tant de négligence, de malveillance. 

Inceste, drogues dures et moins dures, violence, abus physiques et psychologiques en tout genre, négligence parentale, le clan Erskine excelle dans la médiocrité.  C'est encore plus dramatique lorsqu'on pense que ce n'est pas totalement de la fiction.  Le roman est inspiré du clan Goler en Nouvelle-Écosse.  Vivant en retrait dans les montagnes, seize adultes de ce clan ont été accusés d'inceste et d'abus sur des enfants aussi jeunes que cinq ans...

C'est un roman sombre, mais qui se lit très bien.  Il n'est pas déprimant  et ne nécessite pas un "état spécial" chez le lecteur, car ce n'est que dans les derniers chapitres qu'on réalise toute la violence comprimée dans la famille Erskine.  Une bombe à retardement...  Entre temps, les Evans et Dorothy Carlisle nous offrent un mode de vie plus lisse. Tom Evans est livreur de pain, sa femme Patty et ses deux enfants lui donnent un peu de fil à retordre, mais rien de comparable aux membres du clan Erskine!  Mme Carlisle tient une boutique d'antiquités et essaie de convaincre le village que Albert Erskine se distingue de ses semblables et on y croit aussi, malgré ses petits moments de délinquance.  La religion tient aussi une place importante dans ce roman.  En début de certains chapitres, des extraits de discours de l'Église du retour du Christ nous aiguillent sur la direction que prendront les événements. 

Lauren B. Davis est née à Montréal et elle est l'auteure de plusieurs romans.  Le titre en anglais Our daily bread (Notre pain quotidien) est plus représentatif de ce que ces jeunes enfants ont dû subir sans relâche...

Un roman remarquable sur la vulnérabilité et la loi du plus fort.
 
ISBN: 9782760933729

1 commentaire:

Michelle Monette a dit...

Une réaction sur Twitter de Ron Davis (@rondavis88):

@capitaleblogue merci Michelle, et Bravo Jules, buff.ly/1KH00w6 superbe commentaire sur #LePoisonDesJours #lemeac @Laurenbdavis