dimanche 25 octobre 2015

La nuit de feu, Éric-Emmanuel Schmitt.

À vingt-huit ans, Eric-Emmanuel Schmitt entreprend une randonnée dans le grand sud algérien. Au cours de l’expédition, il perd de vue ses compagnons et s’égare dans l’immensité du Hoggar. Sans eau ni vivres durant dans la nuit glaciale du désert, il n’éprouve nulle peur mais sent au contraire se soulever en lui une force brûlante. Poussière d’étoiles dans l’infini, le philosophe rationaliste voit s’ébranler toutes ses certitudes. Un sentiment de paix, de bonheur, d’éternité l’envahit. Ce feu, pourquoi ne pas le nommer Dieu ?
 
Cette nuit de feu – ainsi que Pascal nommait sa nuit mystique –, Eric Emmanuel Schmitt la raconte pour la première fois, dévoilant au fil d’un fascinant voyage intérieur son intimité spirituelle et l’expérience miraculeuse qui a transformé sa vie d’homme et d’écrivain. Les chemins qu’il trace ici sont inscrits en chacun de nous.

En plein désert algérien, Éric Emmanuel Schmitt s’égare.  Il a perdu son groupe et s’enterre dans sable pour survivre à la nuit froide qui s’annonce. Entre la lucidité et le rêve, il est frappé par un élément qu’il situe entre le Feu et Dieu.  Cette nuit restera un événement marquant à tout jamais pour cet homme.
 
"Je rageais de constater mon impuissance.  Quoi, Dieu m'avait fait un cadeau pareil, et je n'étais pas fichu d'en parler?  Nul!  Quelle ingratitude que ce silence... Pourquoi transformer ma révélation en secret?  Dieu ne pouvait s'infliger un témoin plus médiocre...
Je fermai les paupières, bouleversé par cette pensée lancinante: dans quel dessein m'avait-Il choisit?
Pourquoi moi?"
 
"Une nuit sur terre m’a mis en joie pour l’existence entière."
 
C’est peut-être parce que c’est le deuxième roman qui traite de religion que j’enchaîne depuis deux semaines, mais je n’ai pas été convaincue par cette nouvelle foi acquise en l’espace d’une nuit.  Il est vrai que lorsqu’on se perd dans le désert et qu’on est rapidement retrouvé, on peut mettre cela sur le compte d’une divinité plutôt que sur celui du hasard, mais quand même…  Je ne juge pas du tout l’auteur et je ne met pas en doute sa foi.  Ce que je dis, c’est que la force de cette croyance ne m’a pas transpercée, malheureusement.  L’épilogue confirme d’ailleurs le risque que prenait l’auteur en écrivant ce récit.  Épilogue d’ailleurs essentiel pour comprendre la démarche et les motivations d’Éric-Emmanuel Scmitt.  À la limite, je crois que l’avoir lu avant le récit, ma lecture  aurait été plus profonde.
 
"Ce récit, s'il ébranle certains, ne convaincra personne... J'en suis conscient. J'en souffre... Combien de fois aurais-je voulu transmettre la confiance qui me brûle?  Comme j'aurais souhaité, souvent, en face d'amis désorientés ou d'inconnus désespérés, me montrer persuasif!  Hélas, je ne suis pas contagieux...  Seuls les arguments rationnels ont le pouvoir d'emporter l'adhésion, pas les expériences.  Je n'ai fait qu'éprouver, je ne prouverai donc pas, je me contente de témoigner."
C’est donc pour ses descriptions lyriques, que j’ai aimé retrouvé la plume l’auteur :
 
"La nuit , le Sahara prend un air de fête.  Alors qu'il nous inflige l'ascèse sous le soleil, il devient riche, profus, généreux, oriental, offrant une débauche de bijoux fournis par le plus fois des joailliers, colliers, broches, tiares de diamants, chaînes d'or et bracelets d'étincelles; des milliers d'étoiles garnissent l'écrin de velours bistre et la lune d'argent souveraine, telle une reine de bal, envoie sa clarté impérieuse alentour."
"Devant nous s'étendaient des centaines de kilomètres, les uns plats, les autres occupés par des reliefs.  La nature jouait une symphonie sur ses grandes orgues:  Pour accompagner le majestueux panorama, elle multipliait les irisations, colorait le ciel de teintes rares, depuis l'orange piqué de bleu jusqu'au violet épais, en passant par le turquoise et le parme."
 
C’est également pour l’expérience dans son ensemble que j’ai apprécié La nuit de feu..  Une traversée dans le désert se doit d’être un voyage unique, inoubliable et saisissant.  Éric-Émmanuel Scmitt m’a fait vivre de bons moments et sa façon de décrire les événements font en sorte que j’ai eu l’impression d’avoir fait partie de ce groupe de voyageurs.  Pour l’avoir vécu dans le désert tunisien, le thé à la menthe, les balades à dos de dromadaire, le silence absolu et le paysage à l’infini du désert ou encore la peur de croiser une vipère ou un scorpion n’ont peut-être rien de nouveau pour moi, mais pour certains ce sera un superbe voyage initiatique.  L’auteur a le don de nous transporter dans d’autres décors de façon efficace.  Pour ce qui est de l’aspect spirituel, je suis passée à côté.  Je ne sais pas encore où je me situe dans l’une des trois catégories présentées ici : le croyant, l’athée et l’indifférent.  Ce que je sais, c’est que je devrai peut-être conserver ce livre et le relire lorsqu’un vent de sagesse sera passé par chez moi…
 
À mon avis, ce qui ressort de cette lecture, c’est que ce livre ne laissera personne indifférent, justement.
 
"Le hasard existe-t-il?  N'est-il pas plutôt le nom que collent à la réalité ceux qui veulent ignorer le destin?"

Albin Michel
ISBN: 9782226318299

9 commentaires:

Livresquement boulimique a dit...

J'ai aimé le début, mais sa conversion en une nuit qui semble ne pas avoir été si éprouvante que ça - en tout cas, ses hallucinations qui arrivent tout d'un coup alors que cela prend plus que ça pour se mettre à halluciner - ne m'ont pas convaincue non plus. Aussi, le quasi délire mystique... pas ma tasse de thé!

Jules a dit...

Livresquement: on partage cet avis! trop vite, trop fort...

Gambadou a dit...

J'ai beaucoup aimé cet auteur à ses débuts, et je me suis lassé. Du coup j'hésitais pour celui-là, et là je ne suis pas trop tentée ...

Jules a dit...

Gambadou: un auteur à prendre à petite dose ou sur une période de temps plus grande...

anjie a dit...

un auteur que j'ai toujours pas lu ...
Trop de romans et pas assez de temps !

Un autre endroit a dit...

Il faut que je découvre ce livre.

Jules a dit...

Anjie: le problème de nous tous, je crois! :)

Un autre endroit: peut-être pas le meilleur de l'auteur, mais c'est bien!

Alex Mot-à-Mots a dit...

Il a tout pour me plaire, ce texte.

Jules a dit...

Alex: peut-être bien oui!