mercredi 13 août 2014

Je suis là, Christine Eddie.

Angèle voyage sans bagages. Elle croit au destin et ne tourne pas le dos aux miracles. Personne ne lui veut du mal. Pas depuis qu’un tir groupé d’infortunes l’a prise pour cible.
Pas depuis que la vie lui a offert le plus grand des bonheurs pour, peu après, le lui 
arracher et la jeter sur une île déserte.
 
Presque quatre ans plus tard, l’île d’Angèle s’est repeuplée. À Shédiac, où elle vit entourée de voisins parfois turbulents et d’une tribu de meneuses de claques, elle compte les heures et apprivoise le mode d’emploi de sa nouvelle existence.
 
C’est une histoire vraie, mais ce n’est pas tout à fait la vérité. Plutôt un récit à moitié inventé, un refrain consolateur où ailes rime avec embellie et force, avec mémoire. La preuve que l’imagination a toujours le dernier mot. 

Après Les carnets de Douglas et Parapluies, je serai toujours de ceux à attendre à la porte pour le petit dernier de Christine Eddie!  Si Alto offre, en général, des romans aux histoires assez éclatées et déjantées, cette auteure vient mettre beaucoup de compassion et de délicatesse dans la collection.

Parce qu'un jour Angèle a perdu tous ses moyens, elle habite dans un foyer pour personnes âgées.   Elle est encore bien jeune, mais elle ne peut qu'entendre et regarder ce qui se passe autour d'elle. À l'aide de Doris, une préposée extraordinaire et généreuse de son temps, elle arrive à communiquer.  Sa mère lui rend visite, son mari pleure à son chevet et ses jumelles de 4 ans virevoltent autour de son lit.  Vous imaginez déjà un livre triste à mourir... C'est probablement parce que vous n'avez jamais lu l'auteure. Elle a ce don de vous mettre en contexte tout en préservant les bons côtés de la chose.  Avec un humour léger, (parce que le désopilant n'est pas de mise, c'est clair!), elle arrive à nous transmettre tout le courage et la volonté de cette femme gravement malade.  C'est incroyable!  Angèle existe vraiment, c'est une amie de l'auteure.  C'est un bel hommage. C'est admirable de la part de Mme.Eddie d'avoir pris la peine d'écrire ce que Angèle voulait transmettre à ses filles.

"Ma déception est immense.  Personnellement, je préférais que le livre ne se termine pas. J'ai encore trop de choses à dire à mes filles que je veux protéger, conseiller, consoler, accompagner, encourager, défendre et soigner, exaucer et ovationner, endormir, réveiller, coiffer, décoiffer, initier, sensibiliser, lettrer, musiquer, poétiser, mondialiser, pacifier, oxygéner, ensoleiller.  Enhardir et solidifier. Prémunir, guider, rassurer.  Singulariser, solidariser. Émerveiller, chatouiller, border, bercer et chérir. Je veux continuer à écrire que je les aime." (p.139)

Il m'arrive rarement d'écrire un billet avec la larme à l'oeil.  Je suis là est un des livres les plus émouvants que j'aurai lu cette année.

Parce que moi aussi j'ai un petit garçon de 4 ans et que m'imaginer un seul instant que je ne pourrais plus le serrer dans mes bras ou lui chanter ses berceuses préférées m'a grandement bouleversée.  J'ai refermé ce roman totalement remarquable un lundi matin à 8h05 et j'ai longuement pleuré.  Impossible donc pour moi d'en faire un billet impersonnel...

ISBN: 978-2-89694-184-1

4 commentaires:

Venise a dit...

Oh... quand ça nous touche personnellement. Cela m'est arrivé un jour de pleurer longtemps après avoir fermé un livre.

Un témoignage c'est encore plus efficace que la critique la plus édifiante.

J'ai ce roman entre les mains.

Jules a dit...

Venise: alors dépêche-toi de rencontre Angèle et sa bande de petits vieux grincheux! :)

Suzanne a dit...

Oh que oui que je vais le lire .

Jules a dit...

Suzanne: :o) Bonne décision!