vendredi 12 décembre 2014

La ballade d'Ali Baba, Catherine Mavrikakis.

Vassili avance à vive allure en direction du sud, il veut montrer la mer à ses trois filles. Pour le garçon d’Alger, pauvre mais futé, l’Amérique est une chance. On le retrouve à Montréal avec sa petite famille, à New York avec sa maîtresse, à Key West ou Kalamazoo au volant de ses grosses voitures. Dans les casinos de Las Vegas ou Monte-Carlo, il fait rouler les dés d’un geste théâtral sur le tapis vert. Beau parleur et séduisant, l’homme aime le risque, le commerce et les femmes.
 
Cosmopolite, toujours en mouvement, il multiplie les amitiés et les trahisons dans les restos grecs de l’avenue du Parc, au célèbre Sloppy Joe’s Bar tout au bout de la Floride ou dans un gîte en Toscane. La vie passe ainsi et, un soir d’hiver, alors qu’il joue avec l’accent pied-noir Hamlet en robe de chambre dans son petit appartement de la rue Sainte-Famille, il demande à sa fille aînée, Érina, son héritière, un étrange et ultime service.
 
Guidée par la prose énergique et drôle de Catherine Mavrikakis sur la route échevelée de Vassili, La ballade d’Ali Baba traverse les abîmes de la mort et de la vie avec une stupéfiante habileté.
 
Il y a parfois des auteurs qui me font peur, que je vois inaccessibles.  Catherine Mavrikakis était de ce lot.  On m'a convaincue et je me suis lancée.  Je me suis laissée aller au rythme de sa plume riche en paysages et en souvenirs.  Dans ce roman, nous sommes témoin d'ne relation père-fille qui s'est effritée avec le temps.  Aînée de la famille, Érina porte le nom de sa grand-mère grecque, celle que Vassili met au dessus de toutes les femmes, sa mère. 
 
"Il n'était d'ailleurs pas tout à fait exact que je ne fréquentais plus du tout mon père.  Je le croisais souvent chez ma mère.  Je lui parlais de la pluie et du beau temps.  Mais nous n'avions plus la complicité qui avait été la nôtre durant mon enfance.  Cette complicité qui faisait de moi sa fille préférée, son héritière, quoi qu'il puisse arriver.  À partir de l'âge de onze ans, je n'eus pendant des années presque plus aucun signe de vie de mon père." (p.51)
 
Vassili est charmeur, cosmopolite et bon vivant.  La Terre n'est pas assez grande pour lui, sa soif de liberté l'amène très loin de ses filles et de sa femme qu'il finit par quitter.  Mais bien des années plus tard,  Érina a encore une chance de reprendre sa place dans le cœur de Vassili et de lui redonner l'absolution totale qu'il avait jadis.  Même si la méthode choisie par l'auteure me semble farfelue, j'ai décidé d'en faire abstraction et de savourer pleinement les retrouvailles que bien des gens souhaiteraient avoir avec un parent disparu.  Moi la première avec ma mère...
 
C'est un roman très touchant.  Le pardon libérateur vient parfois très tard, mais l'important c'est qu'il vienne un jour.  Une belle histoire qui m'a beaucoup remuée!
 
ISBN: 9782923975436

6 commentaires:

Topinambulle a dit...

Je reviens te lire quand je vais avoir écrit mon billet...bientôt ;)

Jules a dit...

Topi: parfait fais-moi signe!

Karine:) a dit...

Je suis contente que ça t'ait plu! Vraiment!

Jules a dit...

Karine: moi aussi! Ça me faisait tellement peur!

Le Papou a dit...

Je vais le lire. Quand ? That is the...etc
Le Papou

Topinambulle a dit...

Enfin, je peux lire ton billet ! Il est si beau. J'ai passé un très bon moment de lecture et je retrouve toutes les choses que j'ai aimées dans tes mots. Merci Jules :)